"Je ne veux pas être mis dans une boite."

C'est le reproche le plus courant que l'on fait à l'Ennéagramme. Et pour cause : c'est très désagréable d'être résumé par un mot, voire pire un numéro, et de se coller ainsi une étiquette sur le front. Désagréable est un euphémisme ! Cela nous est foncièrement insupportable.

 

Pourquoi ce cri du cœur ? Parce que notre cœur crie là sa vérité : au plus intime de nous-même, nous savons qu'il existe en nous une part d'infini, que rien ni personne ne peut résumer, enfermer, contraindre ou restreindre. Un infini qui en l'homme est infiniment synonyme d'ouverture, de possibilités, de nouveauté, et donc un infini qu'il est impossible d'enfermer dans un "numéro" défini par des traits généraux et systématiques.

 

De fait, c'est une évidence, notre être n'est pas limité à un corps physique soumis à des lois biologiques et psychiques qui en font une entité conditionnée, mécanique, soumise aux lois de cause et d'effet. 

 

Si l'on est cohérent avec cette vérité qui nous vient du coeur, il faut donc un Ennéagramme qui inclut cet infini. Soit le modèle que l'on présente annonce et "définit" cet infini, autant qu'il soit possible de le définir, soit il n'en parle pas, mais dans ce cas il faut être honnête et le dire simplement : "cette présentation est incomplète, nous ne présentons que la partie automatique et conditionnée de l'homme."

 

Mais que vaut alors un modèle qui ne parle pas de ce qui est le propre de l'homme, soit ce qui distingue l'homme de tout être vivant, ce qui fait qu'un homme est un homme ? Même si "comprendre" la partie automa­tique et conditionnée est utile, la plus-value d'un modèle qui exclue le propre de l'homme est néanmoins - je le sais par expérience - bien limitée.

 

L'Ennégramme qui m'intéresse et que j'aime transmettre est donc un Ennéagramme qui est fondé non pas sur une présentation de notre nature conditionnée, mais qui est au contraire fondé sur "les contours" de notre nature infinie. Etudier l'Ennéagramme devient alors une véritable ouverture, une véritable possibilité de sortir de nos conditionnements, ceux-là même qui nous font souffrir et font souffrir nos proches.

 

C'est d'ailleurs la finalité de l'Ennéagramme à son origine : la connaissance de soi ! Nous offrir une carte pour apprivoiser notre véritable nature, avec ce qu'elle a de fini et d'infini, en incluant cette partie que nous ne connaissons pas et qui nous appelle de plus profond de notre être.

 

Peut-il en être autrement ? Car s'enfermer dans "un numéro" ou une boite qui nous limite à notre dimension conditionnée est une double peine. Je vais certes connaître ma boite sous toutes ses coutures, mais à quoi cela sert-il si je n'ai pas la clé de la porte qui permet d'en sortir. Car contrairement à ce que l'on veut croire et entendre, connaitre par coeur cette boite ne suffit pas pour en trouver la sortie. Loin de là !

 

Le comble c'est que, malheureusement, on omet souvent de s'aventurer à parler de cette porte et de cette clé au nom de la liberté spirituelle et religieuse de chacun. Mais à mon sens, on se trompe de liberté : la vraie liberté est dans la connaissance du réel, dans la vérité. C'est l'ignorance qui nous enferme en nous limitant à ce que nous voulons connaitre et comprendre. La vérité rend libre, entre autres parce que nous sommes alors libres de choisir - ou pas - l'horizon qu'elle nous offre.

 

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