Nous voulons éperdument goûter la présence de Dieu, mais pour la goûter vraiment, il faut savoir la reconnaitre. Pour cela, rien de tel que d'avoir éprouvé son absence, et d'avoir plongé dans sa misère profonde.
Car cette misère advient spontanément… Quand on réduit son être à soi-même, en se positionnant comme origine, moyen et destination de sa vie, l'homme est ainsi fait qu'il tombe inmanquablement dans la misère profonde.
Car on se positionne alors comme une totalité où rien ne manque;
Car cette totalité, puisqu’elle est tout, en est alors réduite à ne compter que sur elle-même.
Y a-t-il une autre voie pour reconnaitre et goûter la présence de Dieu que d'expérimenter notre misère ? Cette question me transporte au début du récit de la Genèse, je vois Adam et Eve...Je vois aussi le visage de David, celui de Job, je vois les larmes de Pierre au chant du coq, et je n'ai pas la réponse.
On est d’accord que si cette misère est nécessaire, elle n’est qu’une conséquence d’une cause dont nous sommes l’origine (nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes) et le paradoxe est qu'en même temps elle a un sens, c’est à dire une finalité. Un peu comme si, finalement, il nous fallait vouloir cette misère et vouloir la vivre. C'est à dire un peu comme s’il nous fallait décider de manger ce fruit défendu pour pouvoir ensuite connaitre l’existence de l’amour de Dieu, pour goûter sa présence.
Manger le fruit “défendu” pour vivre la misère, c’est inconsciemment reconnaitre un manque et désirer ardemment le secours de l’existence de Dieu pour combler ce manque. C’est désirer l’amour plus que tout, car c’est la nature de notre coeur que de désirer l’amour plus que tout.
Ce qui est "défendu", ce n’est pas le fruit en tant que tel, mais c’est l’absence de Dieu qui en est la conséquence. Dieu est notre "défenseur". Il nous défend de vivre sans lui, parce qu’il est amour et qu’il sait que notre coeur fait à son image ne peut supporter d’être privé de son amour.
Ainsi, il faut dire oui à Dieu et goûter sa présence, ou lui dire non et éprouver son absence…Une absence qui nous guidera vers sa présence et la bonne nouvelle est que dans les deux cas, nous serons sauvés. Peut-être même que dans le deuxième cas, nous le serons doublement ?
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