Les jours passent avec leur lot d’événements et de défis, de choses à gérer et à faire, et très souvent nous pouvons nous surprendre dans un état intérieur où nous n’accueillons pas tout cela, ou plutôt nous l’accueillons mais avec une tension intérieure et dans un grognement silencieux.
Autre ressenti fréquent et très lié au premier : devant tout cet «à-faire», nous nous sentons en dessous de la ligne de flottaison d’une estime de soi confortable et nous envisageons ainsi ces tâches, non pas avec une énergie de légèreté mais avec un esprit préoccupé, soucieux, inquiet, et donc avec l’envie de faire un pas en arrière plutôt qu’un pas en avant.
Je ne pense pas décrire là quelque chose d’extraordinaire. C’est de l’ordinaire. Le tout ordinaire de notre paysage intérieur quand l’ego mène le jeu.
Il faut se rappeler que sans un aiguillon qui nous pique comme il faut pour nous sortir de la torpeur de ce paysage, soit de nos mécanismes habituels d’accueil de ce qui est, l’ego ronronne immanquablement : le programme tourne en boucle.
C’est un programme que l’on peut résumer ainsi :
- la vie est vent contraire : il y a un courant contraire contre lequel il faut constamment pousser pour avancer;
- on ne se sent jamais à la hauteur, à nos propres yeux, on n’est jamais «assez», pour vivre ce vent contraire;
- l’inconnu que demain annonce déclenche des sentiments mitigés : tant que ce demain ne sera pas derrière nous, il sera une préoccupation : quelque chose qui perturbe notre champ de conscience.
En bref, nous turbinons avec un programme qui peut s'intituler :
« je résiste, je ne m’aime pas, je stresse ».
C’est épuisant de vivre dans cet état d’être. C’est surtout lassant. La vie en vient à nous lasser. Jour après jour, ce paysage est là, pas très loin, pour s’imposer comme horizon.
Et nous sommes héroïques, nous les humains, parce que malgré ce paysage lassant, ce « je résiste, je ne m’aime pas, je stresse », nous fonctionnons, et jour après jour, ça tourne…
Enfin ca tourne, façon de parler, un jour on se dit forcément « mais c’est quoi ce bazar ? ».
Et c’est avec cette interrogation salutaire que l’aventure de la connaissance de soi peut commencer. Je rappelle les repères universels qui nous aident à nous situer sur ce chemin :
Le premier pas consiste à devenir conscient de ce paysage nuageux intérieur (« je résiste, je ne m’aime pas, je stresse »), en arrière-plan, dans lequel nous fonctionnons par habitude. Imaginez que vous avez un appareil photo…être conscient revient à en être suffisamment distant pour pouvoir prendre ce paysage en photo !
Le deuxième pas, plus difficile, consiste à accepter que nous ne devons ce paysage intérieur, ce ressenti (« je résiste, je ne m’aime pas, je stresse ») à rien d’extérieur à nous-même, à personne d’autre que nous-même.
Ce deuxième pas ne va pas de soi, c'est le moins qu'on puisse dire. Car il consiste à résister au piège dans lequel l'ego nous précipite systématiquement : "ce ressenti, c'est la faute de l'autre, du monde, de la vie !". Et c'est un vrai piège, parce qu'une fois que ce statut de victime nous "rassure", nous nous enfermons dans ce ressenti et perdons nos chances de nous ouvrir à une autre énergie pour en sortir.
Le troisième pas suit forcément le deuxième, et il est radical ou il n'est pas : se mettre en quête, avec une folle ardeur, soit avec le plus grand des désirs, d’une autre ressource d’être que l’ego*. Une ressource plus puissante que l’ego, capable tout simplement de nous détourner du programme de ce dernier.
Cette ressource existe forcément sinon la vie humaine n’aurait pas de sens. Il est impossible que nous venions au monde pour vivre une vie "lassante". D’ailleurs, si on observe un tout petit, quand il n’a ni faim, ni sommeil, ni mal nulle part, sa vie n’est que pure jubilation. La vie est la seule chose qu’il a, ou plutôt qu’il est, et elle est jubilation !
Si c’est accessible au tout petit, ça doit aussi pouvoir l’être à nous ? Car nous aussi parfois, nous n’avons ni faim, ni sommeil, ni mal nulle part...
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* ego : image que nous avons de nous-mêmes à laquelle nous nous identifions.
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Bussy valerie (lundi, 28 février 2022 02:39)
Merci c'est structurant de vous lire par rapport à la démarche à réaliser.